La Marqueterie
La marqueterie est un décor réalisé de placages de bois ou d’autres matières (laiton, étain, corne, os, …) découpés suivant un dessin et collés sur un support (meuble, boiserie ou tableau) notamment en ébénisterie.

Historique

La première technique utilisée s’appelle l’intarsiaqui consiste à découper des éléments de placage et à les rapporter dans des cavités creusées dans la surface de panneaux massifs. De nos jours, en Italie, la marqueterie est encore appelée Intarsiato.
Dans l’antiquité égyptienne, on retrouve des objets en bois incrustés d’os, de corne, d’ivoire et de pâte de verre.
350 ans avant Jésus-Christ, des incrustations en marbre ont été réalisées à Halicarnasse dans le palais du roi Mausole.
Ensuite la marqueterie se développe en Italie sous l’empire romain.
L’Italie révolutionne en l’appliquant au mobilier au XIVème et des tableaux en « trompe l’œil ». Apparait l’appellation de « peinture en bois ».
Au XVèmeon pratique la marqueterie dans de nombreuses villes d’Italie, en particulier à Florence notamment dans les édifices religieux.
En France, la marqueterie prend un certain essor dès la fin du XVème sous le règne de Charles VIII puis se développe sous Louis XII et François 1er.

Epoque Louis XIV et André Charles BOULLE 1642-1732
Ebéniste du roi Louis XIV
Son père, Johan BOLT, compagnon menuisier en esbeine,probablementvenu des Pays-Bas lui enseigne de nombreuses techniques artistiques : le dessin, la sculpture, la ciselure, la dorure, la peinture …
En 1666 il acquiert la maîtrise Parisienne, son petit atelier s’agrandit.
En 1667, Colbert met sur pied « la Manufacture Royale des Gobelins » sous la haute direction de Charles Lebrun.
Les marqueteurs exécutent pour la couronne parquets, lambris, meubles.
Les compositions sont enrichies par ces « bois des îles » que l’on commence à importer :
Amarante de Guyane, Ebène de Madagascar, Bois de corail des Iles du vent, Amourette des Antilles, Bois de rose du Brésil, Olivier de Syrie, Santal et Palissandre des Indes …
Pour remplacer Jean Macé mort en 1672, Colbert propose à la décision du roi « le nommé Boulle, le plus habile de Paris ».
Boulle n’est pas l’inventeur de la technique qui porte son nom mais il lui donne un style et apporte des matériaux inédits : écaille de tortue, laiton, étain.
La technique de découpe en superposition permet de réaliser deux marqueteries : Partye et contre-partye.
Période Louis XV

Deux grands artistes vont dominer cette période :
Jean-François OEBEN (1723 – 1763)
Et Jean- Henri RIESNER (1734 – 1806)
OEBEN d’origine allemand, obtint le titre « d’ébéniste du roi » aux Gobelins en 1754 à la mort de Charles-Joseph BOULLE (fils d’André-Charles).
Il exécute ses œuvres avec un gout artistique très sûr et une grande précision.
Il est aussi le précurseur dans l’utilisation des compositions géométriques (cubes, losanges …)

A sa mort en 1763, Jean-Henri RIESNER, d’origine allemande aussi, continue son œuvre.
Il assure la direction des ateliers et en 1767 épouse Madame OEBEN (pratique assez courante à cette époque lorsqu’elle se révèle pour les deux parties car à la mort de son mari Madame de Oeben dut se déclarer en faillite).
La continuité de l’œuvre de Oeben par Riesner est très bien représentée par l’exécution du bureau du roi Louis XV (conservé à Versailles) commencé par Oeben en 1760 et terminé par Riesner en 1769 (et signé par lui).

Louis XVI
Riesner que l’on surnomme l’ébéniste de Marie-Antoinette réalise des meubles marquetés aux décors charmants : arabesques pompéiennes, oiseaux, emblèmes, rubans, paniers.
David ROENTGEN est aussi un marqueteur remarquable (fils d’un ébéniste réputé : Abraham Roentgen). En 1779, il obtient le titre spécialement créé pour lui « d’ébéniste mécanicien du Roi et de la Reine ».
Il fournit au Roi Louis XVI le meuble le plus cher jamais commandé. Ce cabinet du Roi, tout à la fois commode, boite à musique et pendule fut dépecé au XIX et transformé en petits meubles plus facilement négociables. A Versailles, on peut voir une table dont le plateau est un morceau du Cabinet du Roi.
Dans le monde
En Europe, l’art de la marqueterie est très répandu : en Italie, en Allemagne, en Angleterre, la technique et le décor ont suivi la même évolution. La France domine par le raffinement de son gout.
En Asie : les marqueteries de nacre
Les mosaïques en Syrie

Style Charles X 4
La mode est aux bois très clairs : érable moucheté, citronnier, buis, frêne, platane, sycomore.
On recherche les nœuds, les ronces et les loupes.
Cette période est marquée par l’apparition de motifs gothiques et d’un fin décor formé de rosaces et d’arc brisés appelés « à la cathédrale ».

Période Napoléon III
Sous Napoléon III, tous ces styles triomphent, on recommence à copier les meubles de Boulle, la marqueterie d’écaille rouge et de cuivre a un regain de faveur. On exécute d’innombrable copies de cabinets, de bureaux Mazarin par la technique Boulle.
Puis on copie les meubles de style Louis XV et ensuite Louis XVI.

Art nouveau
Les compositions de marqueterie propre à ce style sont des éléments végétaux enchevêtrés, de longues tiges qui se recourbent sur elles-mêmes en de souples circonvolutions et se terminent par des pétales épanouis.
Louis Majorelle excelle dans ces compositions étrangement vivantes.
Louis Majorelle, fils de Fabricant de meuble, initié par Emile Gallé dès 1894.Ils font partis des fondateurs de L’Ecole de Nancy en 1901. Ils se sont regroupés pour assurer un haut niveau de qualité et se sont attachés à promouvoir le travail d’artistes décoratifs lorrains.
En 1914 malgré la guerre, il espère maintenir l’activité mais en 1916 son atelier prend feu et détruit les meubles en fabrication et aussi les plans de fabrication.
Comble de malchance, en 1917, un bombardement allemand sur Nancydétruit sa boutique. La famille Majorelle indiquant le pillage de la boutique de Lille lors des avancées des troupes allemandes.
A la porte de l’atelier d’Emile Gallé à Nancy, on pouvait lire cette devise : « Ma racine est au fond des bois ».